2

 

 

À la fin du congrès, Nadia n’avait qu’une envie : quitter Pavonis Mons. Elle en avait assez des prises de bec dans l’entrepôt, assez des discussions politiques, de la violence et des menaces, de la révolution, des sabotages, de la Constitution et de l’ascenseur. De la Terre et de la guerre. La Terre et la mort, voilà ce qu’était Pavonis Mons – la montagne du Paon, un nichoir à paons qui faisaient la roue et se pavanaient en criant Moi Moi Moi. C’était le dernier endroit sur Mars où elle avait envie d’être.

Elle voulait descendre de là et respirer à l’air libre, travailler sur des choses tangibles, construire, avec ses neuf doigts, son dos, son esprit, bâtir tout et n’importe quoi, pas seulement des structures, ce qui aurait été merveilleux, évidemment, mais aussi des choses comme l’air ou le sol, faire partie d’un projet nouveau pour elle, participer tout simplement au terraforming. Depuis sa première marche à l’air libre, au cratère DuMartheray, sans autre équipement qu’un petit masque à C02, elle avait fini par partager l’obsession de Sax. Elle était prête à le rejoindre et tous ceux qui étaient partie prenante du projet, d’autant que la suppression des miroirs orbitaux avait entraîné un long hiver et menacé de provoquer une ère glaciaire en bonne et due forme. Construire l’air, construire le sol, déplacer l’eau, introduire des plantes et des animaux : toutes les tâches qui s’apparentaient à ce genre de choses lui paraissaient fascinantes à présent. Mais elle était aussi attirée par les projets plus conventionnels. Quand la nouvelle mer du Nord aurait fondu et que sa côte se serait stabilisée, il y aurait des ports à fonder un peu partout, des quantités de ports avec des jetées et des fronts de mer, des canaux, des docks et des villes grimpant dans les collines, derrière. Aux altitudes plus élevées, il y aurait d’autres tentes à ériger, et des canyons à couvrir. On parlait même de bâcher certaines des grandes caldeiras et de lancer des téléphériques entre les trois principaux volcans, ou d’élever des ponts au-dessus des détroits au sud d’Elysium. Il était question de viabiliser le continent insulaire du pôle. On envisageait de nouveaux concepts de biohabitat consistant à faire pousser des maisons, à construire directement à partir d’arbres conçus par le génie génétique, exactement comme Hiroko utilisait le bambou, mais à plus grande échelle. Oui, une bâtisseuse prête à se mettre au courant des techniques les plus récentes avait un millier d’années de projets magnifiques devant elle. Le rêve était en train de devenir réalité.

 

Puis un petit groupe vint lui annoncer qu’ils étudiaient les possibilités pour le premier conseil exécutif du nouveau gouvernement global.

Nadia les regarda de travers. Leur démarche lui faisait l’effet d’un gigantesque piège à combustion lente, et elle tenta de son mieux de prendre la fuite avant qu’il ne se referme sur elle.

— Il y a des tas de possibilités, dit-elle. Il y a près de dix fois plus de gens bien que de postes à pourvoir.

— Oui, répondirent-ils pensivement. Mais nous nous demandions si vous y aviez jamais songé.

— Non, répondit-elle, et elle commença à s’inquiéter pour de bon en voyant Art sourire d’une oreille à l’autre. Je projette de construire des choses, ajouta-t-elle fermement.

— Rien ne t’en empêcherait, répliqua Art. Le conseil n’est qu’un travail à temps partiel.

— Ben voyons !

— Non, je t’assure.

Il était vrai que le concept de gouvernement citoyen était inscrit partout dans la nouvelle Constitution, du gouvernement global aux conseils des villes sous tente. La plupart des gens travailleraient probablement à temps partiel. Mais Nadia était convaincue que le conseil exécutif n’entrerait pas dans cette catégorie.

— Les membres du conseil ne doivent-ils pas être élus parmi les députés ? demanda-t-elle.

Élus par les députés, rectifièrent-ils joyeusement. Normalement, ceux-ci devaient être élus, mais pas nécessairement.

— Eh bien, c’est une erreur de la Constitution ! s’exclama Nadia. Je me réjouis que vous l’ayez repérée si vite. Réduisez le choix aux députés élus, et vous restreindrez…

Vous restreindrez…

— Et vous aurez encore des tas de gens très bien, s’empressa-t-elle de dire, se livrant à un bel exercice de rétropédalage.

Mais ils revinrent à la charge, sous différentes formations, et Nadia voyait les dents du piège se refermer sur elle. Ils finirent par l’implorer. Toute une délégation. C’était le moment crucial pour le nouveau gouvernement, il leur fallait un conseil exécutif en qui tout le monde avait confiance, c’est lui qui allait lancer les choses, etc. Le sénat avait été élu, la douma constituée. Les deux chambres devaient maintenant élire les sept membres du conseil exécutif. Au nombre des candidats figuraient Mikhail, Zeyk, Peter, Marina, Etsu, Nanao, Ariadne, Marion, Irishka, Antar, Rashid, Jackie, Charlotte, les quatre ambassadeurs vers la Terre et plusieurs personnes que Nadia avait rencontrées dans l’entrepôt.

— Des tas de gens très bien, répéta Nadia.

C’était la révolution polycéphale.

Mais les gens n’étaient pas très chauds pour cette liste, ils le dirent et le répétèrent à Nadia. Ils avaient l’habitude qu’elle leur fournisse un point d’équilibre, pendant le congrès comme pendant la révolution, et déjà avant, à Dorsa Brevia, durant toutes les années de la clandestinité… depuis toujours, en fait. On voulait qu’elle participe au conseil pour y jouer un rôle modérateur. C’était une tête froide, un parti neutre, etc.

— Sortez ! s’écria-t-elle, soudain furieuse, sans trop savoir pourquoi, et elle vit que sa colère les inquiétait, les dérangeait. Je vais y réfléchir, ajouta-t-elle en les mettant dehors.

Elle resta seule avec Charlotte et Art, qui avaient pris un air grave et faisaient semblant de n’être pour rien dans tout cela.

— On dirait qu’ils tiennent à t’avoir au conseil exécutif, constata Art.

— Oh, ça va.

— Mais si. Ils veulent une personne en qui tout le monde a confiance.

— Ils veulent une personne qui ne leur fait pas peur, tu veux dire. Ils veulent une vieille babouchka incapable de lever le petit doigt, afin de tenir leurs adversaires à l’écart du conseil et d’agir comme ils l’entendent.

Art se renfrogna. Il n’avait pas réfléchi à ça. Il était trop naïf.

— Au fond, une Constitution est une sorte de plan, dit pensivement Charlotte. Le véritable acte de construction, c’est d’en tirer un gouvernement qui marche.

— Dehors ! fit Nadia.

 

Elle finit par accepter d’y siéger. Ils ne voulaient pas en démordre, ils étaient incroyablement nombreux et elle ne voulait pas leur donner l’impression de se défiler. Et c’est ainsi qu’elle laissa le piège se refermer sur sa jambe.

Les chambres se réunirent, les élections furent organisées. Nadia fut élue parmi les sept, avec Zeyk, Ariadne, Marion, Peter, Mikhail et Jackie. Le jour même, Irishka fut élue premier président de la cour environnementale, un coup magnifique pour elle, à titre personnel, et pour les Rouges en général. Ça faisait partie du Grand Geste qu’Art avait négocié à la fin du congrès pour obtenir l’appui des Rouges. La moitié des membres de la cour étaient d’ailleurs plus ou moins Rouges, ce qui conférait au geste une ampleur un peu exagérée, au goût de Nadia.

Immédiatement après ces élections, une autre délégation vint la trouver, menée cette fois par ses compagnons du conseil. Elle avait reçu le plus grand nombre de voix des deux chambres, lui annoncèrent-ils, aussi voulaient-ils l’élire présidente du conseil.

— Oh non ! dit-elle.

Ils hochèrent gravement la tête. Le président n’était qu’un membre du conseil comme les autres. Un titre honorifique, et voilà tout. Ce bras du gouvernement était calqué sur celui des Suisses, et les Suisses ne savaient généralement même pas qui était leur président, etc. Ils avaient juste besoin de son accord, lui dirent-ils, et à ces mots, une flamme brilla dans les yeux de Jackie.

— Dehors ! leur dit-elle.

Lorsqu’ils furent sortis, Nadia s’effondra dans son fauteuil, sonnée.

— Tu es la seule sur Mars en qui tout le monde a confiance, fit doucement Art avec un haussement d’épaules, comme pour dire qu’il n’y était pour rien, ce qui était un mensonge, elle le savait pertinemment. Que veux-tu ? fit-il en levant les yeux au ciel dans une attitude théâtrale. Donne-leur trois ans, et quand les choses seront sur des rails, tu leur diras que tu en as assez fait et que tu laisses tomber. Et puis, la première présidente de Mars ! Comment pourrais-tu résister ?

— Oh, sans problème.

Il attendit. Nadia le foudroyait du regard.

— Tu vas accepter, hein ? dit-il enfin.

— Tu m’aideras ?

— Évidemment ! Tout ce que tu voudras, ajouta-t-il en posant la main sur ses poings crispés. Je veux dire… Je suis à ta disposition.

— C’est une position officielle de Praxis ?

— Eh bien, oui. Je suis sûr que ça pourrait le devenir. Conseiller de Praxis auprès de la présidente de Mars ? Tu penses !

Allons, c’était peut-être jouable.

Elle poussa un gros soupir et essaya de se détendre. Elle avait un nœud à l’estomac. Elle pouvait accepter ce poste, puis faire exécuter la majeure partie du travail par Art et son équipe, quelle qu’elle soit. Elle ne serait pas la première présidente à faire ça. Et pas la dernière non plus.

— Conseiller de Praxis auprès de la présidente de Mars, répétait Art, aux anges.

— Oh, la ferme ! s’exclama-t-elle.

— Mais bien sûr.

Il la laissa un moment, le temps de se faire à cette idée, revint avec un pot de kava fumant et deux tasses. Il lui en tendit une et la regarda boire à petites gorgées le liquide amer.

— De toute façon, je suis ta chose, Nadia, dit-il. Tu le sais.

— Hum.

Elle le regarda laper son kava. Il ne parlait pas que de politique, elle le savait. Il l’aimait. Depuis le temps qu’ils travaillaient ensemble, qu’ils vivaient ensemble, voyageaient ensemble, partageaient le même espace. Et elle l’aimait bien. Un gros nounours, étrangement gracieux pour sa corpulence, débordant de joie de vivre. Qui adorait le kava, il fallait voir comment il le dégustait, la bouche en cul de poule. Il avait porté le congrès à bout de bras, grâce à sa bonne humeur contagieuse. Il avait réussi à leur faire croire qu’il n’y avait rien de plus amusant que d’écrire une Constitution. Absurde ! Mais ça avait marché. Et pendant le congrès, ils étaient devenus une sorte de couple, elle devait bien l’admettre.

Seulement elle avait cent cinquante-neuf ans, maintenant. Encore une absurdité, mais ce n’en était pas moins vrai. Et Art avait, elle ne savait pas trop, entre soixante-dix et quatre-vingts ans, bien qu’il en paraisse cinquante, comme souvent quand ils commençaient le traitement prématurément.

— Je pourrais être ta grand-mère, dit-elle.

Art haussa les épaules, un peu gêné. Il savait de quoi elle voulait parler.

— Je suis assez vieux pour être l’arrière-grand-père de cette femme, répliqua-t-il en indiquant une grande indigène qui passait devant la porte de leur bureau. Et elle serait assez vieille pour avoir des enfants. Alors tu sais… à partir d’un certain moment, ça ne veut plus rien dire.

— Peut-être pas pour toi.

— Non ! Mais c’est déjà la moitié des avis qui comptent.

Nadia ne répondit pas.

— Écoute, reprit Art, nous allons vivre un sacré bon bout de temps. À un moment donné, les chiffres ont cessé d’avoir un sens. Je veux dire, je n’étais pas avec toi pendant les premières années, mais nous sommes ensemble depuis longtemps, maintenant, et nous en avons vécu des choses, tous les deux.

— Je sais, fit Nadia en regardant la table, le moignon de son doigt perdu, en pensant à certaines périodes de sa vie, disparues elles aussi.

Et voilà qu’elle se retrouvait présidente de Mars.

— Merde !

Art finit son kava, la regarda avec sympathie. Il l’aimait bien, elle l’aimait bien. Ils formaient déjà une sorte de couple.

— Je peux compter sur toi pour m’aider avec cette saleté de conseil ? fit-elle, déprimée de sentir tous ses fantasmes technologiques s’envoler en fumée.

— Et comment !

— Et puis… eh bien, on verra.

— On verra, répéta-t-il en souriant.

 

Et voilà, elle était coincée sur Pavonis Mons. Le nouveau gouvernement se constituait, déménageait des entrepôts vers Sheffield, s’installait dans les vastes bâtiments, aux façades de pierre polie, abandonnés par les métanats. La question se posa, évidemment, de savoir si elles seraient indemnisées pour l’occupation de leurs bâtiments et autres infrastructures, ou si tout avait été « globalisé », « coopté » par l’indépendance et le nouvel ordre.

— Qu’on les indemnise, grommela Nadia à Charlotte.

Mais la présidente de Mars n’était apparemment pas le genre de présidente devant qui l’on se mettait au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon…

En tout cas, le gouvernement prenait ses quartiers à Sheffield qui devenait, sinon la capitale, du moins le siège provisoire du gouvernement global. Burroughs étant submergée et Sabishii incendiée, aucun autre endroit ne s’imposait et, à vrai dire, Nadia n’avait pas l’impression que les villes sous tente se battaient pour les héberger. Il était question de construire une nouvelle capitale, mais ça prendrait du temps, et en attendant, il fallait bien qu’ils s’installent quelque part. Tout le monde se retira donc sous la tente de Sheffield, sous le ciel noir de Sheffield, l’ombre du câble de l’ascenseur montant de son quartier est, comme une faille dans la réalité.

Nadia trouva, dans la tente la plus à l’ouest, derrière le parc, un appartement au quatrième étage d’où elle avait une belle vue sur la terrible caldeira de Pavonis. Art prit un appartement au rez-de-chaussée du même immeuble, mais qui ouvrait sur l’arrière. La caldeira lui donnait le vertige. Le bureau de Praxis était dans un bâtiment voisin, un énorme cube de jaspe poli, aux fenêtres d’un bleu de chrome.

Enfin, elle était là. Le moment était venu de respirer un bon coup et de se mettre à la tâche. Elle avait l’impression de faire un cauchemar dans lequel le congrès constitutionnel se serait soudain prolongé pendant trois ans, trois années martiennes.

Elle avait, au départ, l’intention de descendre parfois de la montagne afin de participer à un projet de construction ou un autre. Évidemment, elle ferait son travail pour le conseil, mais contribuer à l’accroissement de la production de gaz à effet de serre, par exemple, semblait particulièrement judicieux : cela alliait les problèmes techniques et la politique de conformation au nouveau régime de régulation environnemental, et cela lui permettrait de retourner dans l’arrière-pays, où étaient localisées beaucoup d’installations. De là, elle pourrait participer aux travaux du conseil par bloc-poignet.

Mais tout conspira à la faire rester à Sheffield. Les événements s’enchaînèrent – rien de particulièrement important ou intéressant, comparé au congrès, rien que les petits détails qui faisaient marcher les choses. C’était comme l’avait dit Charlotte : après la phase de conception, les détails interminables de la construction.

Il fallait s’y attendre. Elle devrait être patiente. Elle expédierait les affaires urgentes, et puis elle s’en irait. Entre-temps, avec le processus de démarrage, les médias ne juraient que par elle, le nouveau bureau martien des Nations Unies voulait la voir pour parler avec elle de la nouvelle politique d’immigration et des procédures. Les autres membres du conseil ne pouvaient pas se passer d’elle. Où le conseil se réunirait-il ? À quel rythme ? Quelles étaient les règles de fonctionnement ? Nadia persuada les six autres conseillers d’embaucher Charlotte comme secrétaire du conseil et chef du protocole, après quoi Charlotte recruta toute une équipe d’assistantes de Dorsa Brevia. Ils avaient donc une amorce d’état-major. Et Mikhail avait une grande expérience du gouvernement acquise à Vishniac Bogdanov. Des tas de gens étaient donc plus aptes que Nadia à faire ce travail. Mais on l’appelait encore un million de fois par jour pour conférer, discuter, décider, nommer, arbitrer, administrer. Ça n’en finissait pas.

Et puis, quand Nadia trouva le temps de s’occuper un peu d’elle-même, elle découvrit que la présidente de Mars aurait le plus grand mal à mener son projet à bien. Tout ce qui était actuellement mis en œuvre l’était par une tente ou une coop. C’étaient souvent des entreprises commerciales, compromises dans des transactions impliquant pour partie des travaux publics à but non lucratif, et pour partie des marchés compétitifs. Le fait que la présidente participe au projet d’une coop risquait fort de passer pour un patronage officiel et devait être évité dans un souci d’équité. C’était un conflit d’intérêts.

— Et merde ! dit-elle en regardant Art d’un œil accusateur.

Il haussa les épaules, l’air de n’y avoir pas songé un seul instant.

Mais il n’y avait pas moyen d’en sortir. Elle était prisonnière de son pouvoir. Bien. Elle étudierait la situation comme n’importe quel problème d’engineering, comme n’importe quelle autre difficulté. Mettons qu’elle veuille construire une usine de production de gaz à effet de serre. Elle ne pouvait se joindre à une coop industrielle en particulier. Elle devait donc le faire d’une autre façon. Intervenir à un niveau plus élevé. Et si elle essayait de coordonner les coops ?

Ce n’étaient pas les raisons qui manquaient de promouvoir la production de gaz à effet de serre. L’Année Sans Été avait été ponctuée par une série de violents orages qui s’étaient abattus du Grand Escarpement sur le nord, et la plupart des météorologistes voyaient dans ces tempêtes de Hadley transéquatoriales une conséquence de la suppression des miroirs orbitaux et de la soudaine baisse de luminosité qui s’en était suivie. La perspective de voir survenir une véritable ère glaciaire n’était pas exclue, et le pompage des gaz de serre semblait être l’un des meilleurs moyens de la combattre. Nadia demanda donc à Charlotte d’organiser une conférence destinée à envisager toutes les stratégies de lutte contre l’ère glaciaire. Charlotte contacta des gens de Da Vinci, de Sabishii et d’ailleurs, et elle mit bientôt sur pied un colloque qui devait se tenir à Sabishii, et que quelqu’un, un saxaclone sans doute, baptisa « Les Entretiens de M-53 sur les Moyens de Combattre les Effets de la Baisse de Luminosité ».

Mars la bleue
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